lundi 17 août 2015

Artiste jusqu’au bout

Et maintenant ? Ce ne sont plus les promeneurs qui se disent bonjour, mais les engins qui creusent, arrachent, amputent la ville d’une partie de ses souvenirs. Oh mais bien sûr, c’était nécessaire. Le progrès, l’avenir. Des mots au final, tout à fait banal qui permettent de justifier, de nos jours, beaucoup de choses. Alors, envolées les rencontres, les mots sympathiques échangés au coin des fleurs des champs ? Ne reste là, sous mes yeux, qu’une immense cicatrice qui me fait mal. Alors je dessine. Je ne peux m’opposer, mais je peux m’indigner. Je dessine, chaque jour, inlassablement. Sous mes doigts les camions se transforment en arbres, les pelleteuses en prairies, les rouleaux en troupeaux. Je dessine pour me souvenir, pour expliquer qu’ici, avant, vivait Péchaud.


D’après « Artiste jusqu’au bout » 2015 par Robert Ibanez, réécrit par Amandine Didier